Etre con ou allumé, simplement

Suivant les questions agricoles parmi d'autres sujets, je suis tombé sur une tribune parue dans la revue hebdomadaire La France Agricole en date du 4 décembre 2015. Elle est signée par M. Jean-Philippe Viguié président des Jeunes Agriculteurs du Tarn-et-Garonne et est titrée : Il suffit de quelques Allumés pour mettre à bas une filière.

Je passerai sur l'introduction où l'auteur faisant référence à l'un de ses confrères, remarque que les agriculteurs sont cernés par les cons (sic). Lui-même, même s'il admet cet aphorisme préfère pour publier dans l'hebdomadaire le terme d' « Allumés » (Re sic!). Vous aurez compris comment sont traités ceux qui ne partagent pas tout à fait la ligne. Il faut bien être le « con » de quelqu'un !

Dans un premier temps il reprend la manière dont a été traitée l'information selon laquelle la viande et la charcuterie sont cancérigènes et de poursuivre en regrettant que des campagnes publicitaires soient annihilées par cette démarche. Il est un fait que nous avions été nombreux à être scandalisés par le traitement médiatique de ce sujet. Je me rappelle que l'information a été délivrée au grand public un Lundi et les médias, tous confondus, l'ont reprise en choeur sans analyser e détail cette enquête commandée par l'Organisation Mondiale de la Santé. Même le quotidien de référence Le Monde a repris le sujet sans employer le mode conditionnel qui est utilisé dans l'enquête. Personne parmi les professionnels de l'information (à quelques exceptions près …) et du monde agricole n'a essayé d'approfondir la lecture !

D'un côté haro sur les producteurs et les professionnels de la filière viande, sans aucune nuance (il faut toujours se rappeler que nous sommes passés du mode élevage à celui de la production animale ce qui a son importance en terme, notamment, de santé publique.) De l'autre : le monde agricole qui a pris l'information au premier degré sans chercher à savoir ce qu'il y avait dans cette enquête et connaître les références qui conduisent à ces conclusions. Les élevages traditionnels ne sont pas concernés par cette enquête. Etant entendu par ailleurs que tout excès induit des déséquilibres et un risque et ceci a une portée générale qu'on ne peut pas nier. L'enquête de l'OMS ne contient rien d'infâmant. Il est établi que l'excès de viande, notamment la viande transformée est à l'origine de dysfonctionnements (je suis aimable!) tout comme les additifs ! Le signataire regrette que les agriculteurs servent de boucs émissaires mais de la faute à qui ? Au moins partiellement. Il faut prendre garde à ne pas céder à la mode de l'auto-culpabilisation. Les agriculteurs sont victimes au premier rang de leurs propres modes opératoires et souvent malgré eux. J'insiste sur le « malgré eux » car parfois ils sont consentants, tout comme l'opinion publique qui ne prend aucun recul devant cette information.

Nous sommes tous responsables de cette mode qui veut qu'on nivelle vers le bas de manière quasi systématique et les prix et la qualité. Cette observation vaut aussi pour nombre de domaines extérieurs à ceux de l'agriculture et de l'alimentation.

Si les agriculteurs sont cernés par les cons il en est de même de leurs concitoyens et ceci sans jeu de mots ! Ce que je peux regretter après la lecture de cette tribune c'est que le signataire désigne des boucs émissaires, ce qu'il déplore pour lui-même. Ce genre de discours fait oublier qu'il y a bon nombre de paysans, d'éleveurs qui sont respectueux d'autrui à travers leurs pratiques professionnelles tout en respectant les équilibres naturels.